Place de Nexavar® dans le traitement du cancer du rein
Le
cancer du rein est un problème grave de santé publique. On observe en
France près de 9 000 nouveaux cas de cancer du rein par an, entraînant
3 500 décès annuels. Son incidence est en augmentation dans tous les
pays industrialisés, a souligné le professeur Arnaud Méjean, urologue
praticien hospitalo-universitaire. 70 % des formes de cancer du rein
sont métastatiques ou vont évoluer d'emblée. Dans 70 % le diagnostic
est fortuit, et bien sûr de sa précocité dépend la mise en place d'un
traitement à visée curative. La chimiothérapie est inefficace dans le
cancer du rein et le traitement de référence a été pendant 20 ans
l'immunothérapie par I'interleukine-2 et l'interféron-alpha. Les
thérapies ciblées sont les approches thérapeutiques les plus
prometteuses actuellement pour les patients atteints de tumeurs
métastatiques. Nexavar® est caractérisé par une double action
antitumorale. Il s'agit du premier inhibiteur de kinases multiples à
prendre par voie orale qui cible les kinases tant dans la cellule
tumorale que dans les cellules endothéliales vasculaires. Nexavar®
bloque d'une part les kinases qui contribuent à la prolifération
tumorale et d'autre part celles qui permettent le développement de
l'angiogenèse de la tumeur. Le sorafénib est une petite molécule qui
passe la membrane cellulaire. Son action inhibitrice s'exerce sur les
sérine/thréonine kinases B-Raf et C-Raf in vitro qui appartiennent à la
voie de signalisation Ras/Raf/MEK/ERK ; et sur plusieurs récepteurs
tyrosine kinases de facteurs de croissance situés soit dans les
cellules tumorales, soit dans les cellules vasculaires avoisinantes,
dont VEGFR-2, VEGFR-3, PDGFR-bêta1, c-KIT, et FLT-3.
Efficacité en pratique de Nexavar®
Le Dr Bernard Escudier, chef de l'unité d'immunothérapie et de thérapies
innovantes à l'Institut Gustave-Roussy, a présenté les premiers
résultats de l'essai de phase III TARGET, une étude randomisée
multinationale contrôlée contre placebo, qui ont apporté la preuve
formelle de l'efficacité de Nexavar® chez les patients atteints de
cancer du rein avancé en échec d'immunothérapie ; des données rendues
publiques en 2005 au cours de la 13ème Conférence européenne
sur le cancer (ECCO). Nexavar® a multiplié par deux la survie sans
progression (24 semaines par rapport à 12 semaines dans le groupe
placebo). De plus, la régression tumorale était de 76 % chez patients
traités par le médicament par rapport à 20 % chez ceux du groupe
placebo. Nexavar® a entraîné un bénéfice clinique pour 84 % des
malades, comparé à 55 % pour le placebo. Le bénéfice du traitement a
été observé quelque soit le sous-groupe de patients. Finalement
Nexavar® a conduit à une diminution de l'incidence des métastases
cérébrales par rapport au placebo. En ce qui concerne la survie
globale, une tendance à l'amélioration a été observée (19,3 mois versus
14,3 mois pour le placebo), mais les résultats ne sont pas
significatifs pour le moment. Les résultats finaux sont attendus pour
le début de l'année prochaine. Pour Bernard Escudier les critères de
réponse choisis sous-estiment l'efficacité de Nexavar®. La nécrose
tumorale serait ainsi un paramètre plus intéressant à mesurer que le
volume de la tumeur, et il serait plus logique de mesurer la
vascularisation de la tumeur plutôt que la taille des lésions. Elle
permet de distinguer très tôt, à 3 semaines, les bons des mauvais
répondeurs, et on observe que la survie est différente entre ces deux
groupes, meilleure chez les bons répondeurs. Nexavar® présente une
tolérance gérable, avec des effets indésirables fréquents, comprenant
éruptions cutanées, diarrhée, syndrome d'enflure douloureuse des mains
et des pieds, alopécie, démangeaisons, nausées, hypertension et
fatigue, mais peu d'effets de grade 3 ou 4. Des développements avancés
Les
futurs développements de Nexavar® dans le cancer du rein sont
l'extension de son utilisation, en première ligne de traitement, et en
traitement adjuvant. Il est en phase II comme traitement de première
ligne du cancer du rein métastatique, et deux études vont l'évaluer en
traitement adjuvant. Le médicament est également en cours de
développement en monothérapie ou en association, dans de nombreux
autres cancers. Il est notamment en phase III pour le traitement du
cancer du poumon, ainsi que pour celui du mélanome malin, et son
enregistrement est prévu pour 2007 dans cette dernière indication. En
phase III également dans l'indication du carcinome hépatocellulaire de
stade avancé, son enregistrement est prévu pour 2008. Il a fait l'objet
en juin 2006 d'un accord de la FDA pour une procédure accélérée. L'EMEA
et la FDA lui ont accordé le statut de médicament orphelin dans cette
même indication.
je l'ai piqué là :
http://www.pharmaceutiques.com/archive/une/art_1022.html