Peu d’équipes au monde ont acquis l’expérience de l’Institut Gustave-Roussy en matière de destruction percutanée des tumeurs hépatiques par les techniques de radiofréquence. Cette technique constitue un traitement local, moins invasif que la chirurgie, qui élargit les indications chirurgicales.
La chirurgie d’exérèse demeure le seul traitement curatif, mais est souvent contre-indiquée en raison soit de l’importance tumorale (taille, nombre), soit du siège des lésions tumorales (proximité des voies biliaires.
La technique de radiofréquence s’applique aux cancers primitifs du foie et aux métastases hépatiques, quelle que soit l’origine du cancer primitif. Ce traitement peut être utilisé indifféremment sur foie natif ou sur foie résiduel après hépatectomie.
La radiofréquence est un procédé de destruction des tissus par la chaleur. La méthode consiste à délivrer un courant sinusoïdal de 500 kHz par le biais d’une électrode insérée au sein d’une tumeur solide sous contrôle échographique ou tomodensitométrique. En circulant dans les tissus, le courant de radiofréquence crée une agitation ionique qui provoque un échauffement des tissus. Au-dessus de 60 °C, toutes les cellules meurent instantanément.
Actuellement, la technique permet de détruire une tumeur de 3,5 cm de diamètre au maximum. Outre la taille, la situation de la lésion est un facteur important. Ainsi, la technique perd de son efficacité si la lésion est située à proximité ou au contact d’un gros vaisseau. Le flux sanguin est responsable d’une déperdition calorifique et réduit l’efficacité de la destruction tumorale.
Afin de surmonter ces limites, les radiologues du département ont évalué chez le porc l’intérêt de recourir à une occlusion vasculaire temporaire afin d’accroître de manière significative la taille des lésions thermiques accessibles à la radiofréquence.
L’étude montre que l’occlusion vasculaire présente un grand intérêt mais expose à un risque de lésion au niveau du système porte et biliaire14. Une étude clinique préliminaire sur 10 patients montre que l’occlusion veineuse sus-hépatique combinée à la radiofréquence permet de faire une ablation de tumeurs hépatiques de grande taille (supérieure à 3,5 cm) ou situées à proximité d’un gros vaisseau15.
L’expérience montre, avec un recul de quatre ans, que la technique permet globalement un contrôle local efficace. Cependant, elle dépend étroitement de la taille : 100 % de succès pour les lésions inférieures à 2 cm, 80 % entre 2 et 3 cm et 60 % au?-delà de 3 cm, mais aussi de l’expérience des opérateurs qui effectuent le guidage de l’aiguille dans la tumeur.
L’équipe de l’Institut rapporte l’éradication chez 68 patients de 91 % des 100 métastases traitées par radiofréquence avec un suivi moyen d’une année. Que l’ablation par radiofréquence ait été effectuée en percutanée ou au cours d’une hépatectomie partielle, le contrôle tumoral a été le même16.
Dans une autre étude portant sur le traitement des récidives tumorales après hépatectomie, les cliniciens de l’Institut montrent l’innocuité de la technique et son efficacité équivalente à un deuxième recours à une hépatectomie. La thermo-ablation doit être préférée à l’hépatectomie répétée qui, jusqu’à présent, constitue le traitement de référence de telles récidives17.
Même si le recul est insuffisant pour apprécier le bénéfice en terme de survie, la radiofréquence percutanée est en train de transformer profondément la prise en charge des petites tumeurs hépatiques comme en témoigne le titre d’un article signé par Dominique Elias « Avis de tempête sur la chirurgie hépatique »18.
Une étude multicentrique (2002-2004), coordonnée par Thierry de Baere du service de radiologie interventionnelle de l’Institut Gustave-Roussy et financée dans le cadre d’un GERTEC, a pour objectif de comparer la chirurgie conventionnelle à l’ablation par radiofréquence des petites tumeurs du foie. L’évaluation porte sur l’efficacité, la qualité de vie et le coût.
D’autres indications de la radiofréquence sont à l’étude.
Des séries limitées de l’Institut Gustave-Roussy suggèrent le grand intérêt de la radiofréquence dans le traitement de petites tumeurs rénales19 ou encore de certaines tumeurs osseuses20. En 2003, une étude multicentrique de phase II ayant pour thème « la destruction par radiofréquence des tumeurs pulmonaires » a été lancée.
Cette étude, pour laquelle l’Institut Gustave-Roussy est promoteur et Thierry de Baere investigateur principal, est conduite en collaboration avec J. Palussière (Institut Bergonié, Bordeaux). La technique est bien tolérée et l’efficacité semble prometteuse21.
L’avis de tempête pourrait bien concerner d’autres territoires que la seule région hépatique…
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Radiologie interventionnelle
Chirurgie générale
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